Jeûne de Achoura:Imam Khalidou Ilboudo nous entretient sur la journée de ACHOURA
Jeûne de Achoura:
Imam Khalidou Ilboudo nous entretient sur la journée de ACHOURA, jeûne, recommandations, les mérites liés à ce jour et l’esprit du partage de la nourriture qui était de tradition au Burkina Faso.
1- Pouvez-vous nous rappeler l’historique de Achoura?
Achoura vient de achara qui signifie dix (10) en arabe et désigne l’activité qui se tenait au 1Oème jour du mois de Mouharram. La légende musulmane raconte que le prophète Mohammad est arrivé à Médine alors que les juifs célébraient ce jour la sortie des tribus d’Egypte sous la conduite de Moïse, probablement le 10 Tishri. Il ordonna aux musulmans de jeûner avec eux. Après la prescription du jeûne du mois de ramadan ce jeûne devient seulement sounna, recommandé et donc non obligatoire.
2- Il s’agit d’un jeûne, quel jour faudra-t-il l’observer ?
Le jeûne est observé par ceux qui le veulent, puisqu’il n’est pas obligatoire, le 10 du mois, le jour dit de Achoura. Mais le prophète a dit à la dernière année de sa vie, que s’il vivait l’année à venir il aurait jeûné le 9 et le 10.
Les savants musulmans disent alors qu’il est recommandé de jeûner les 9 et 10 et même le 11 si on le veut.
3- Quel mérite le jeûneur de Achoura doit-il attendre ?
Interrogé sur la valeur de ce jeûne le prophète dit : « j’espère par cela que Allah me fasse rémission des péchés de l’année écoulée »
4- Quelles sont les autres recommandations méritoires liées à Achoura?
Il n’y a pas de recommandations particulières mais comme c’est le début de l’année, on devrait faire le bilan de l’année écoulée, demander rémission pour ses fautes et prendre de bonnes résolutions pour l’année qui commence. Il est temps aussi de payer la zakat pour ceux qui ont opté de se référer à l’année hégirienne.
5- Il était de tradition chez nous, pendant ce jour que l’on fait à manger et même les mosquées recevaient de la nourriture à partager aux fidèles. Votre appréciation ?
Effectivement, Tabarani rapporte que le prophète a dit par la suite : « Celui qui est large avec sa famille en ce jour, Allah lui fera largesse durant toute l’année » Des savants du hadith ont estimé que le hadith était da’if(faible), cependant Al Iraqi et Ibn Hajar parmi les anciens et Ahmad bin Siddiq parmi les contemporains l’ont jugé bon. Abdallah ben Moubarak dit l’avoir expérimenté pendant deux années et a trouvé que c’était juste. Le Cheikh Ali Gooama, l’ancien Recteur de l’université Azhar a rédigé un article sur le sujet consultable sur sa page facebook. C’était en vertu de cet hadith que les familles avaient l’habitude de préparer pour se régaler et en offrir aux voisins.
Et Comme c’était juste un mois après la tabaski au cours de laquelle on venait de dépenser ona vait l’ingéniosité de boucaner les pattes et la tête du mouton et de les préparer à Achoura qu’on appelle Zombéndé ou Djoméné selon les régions. Par la suite du folklore locale s’était ajouté.
6- Es ce que cela n’était pas une bonne chose en termes de pratique fraternelle consolidant l’esprit de partage et de solidarité ?
Evidemment ! c’est une contextualisation qui avait son sens et cela servait à resserrer les liens sociaux comme la visite chez les oncles et la mutualisation dans les invocations.